La revue de presse du Lundi Soir du 18 janvier 2021

Patron d'émission le 18 janvier 2021

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Assurément, l’actualité est toujours dominée par l’épidémie de Covid 19, l’inquiétude qu’elle recèle, les décisions prises par les pouvoirs publics pour y faire face, leurs conséquences et les différents commentaires et analyses. S’agissant d’un phénomène médical, au demeurant fort complexe qui d’une manière ou d’une autre affecte la vie de chacun, la simple curiosité amène à s’informer sur la nature de ce phénomène. A cet égard, il peut être relevé, parmi d’autres, deux articles publiés sur le site Atlantico :

  • Vers un 3ème confinement ? Ce que l’on sait désormais de leur bilan avantages /inconvénients (12 janvier 2021) de Claude-Alexandre Gustave et de Charles Reviens ;
  • Alerte aux nouveaux variants du Coronavirus : l’Occident peut-il encore échapper à un bilan humain tragique sans adopter les méthodes asiatiques face à l’épidémie ? (14 janvier 2021) de Claude-Alexandre Gustave.

Outre l’aspect sanitaire immédiat, nul n’est en mesure de prévoir à ce jour ce que seront les incidences de cette épidémie, non seulement sur la situation économique de nos sociétés occidentales mais plus profondément sur la mentalité de leurs populations et donc de la sociologie qui en découle. Dans un monde en pleine mutation géopolitique et géoéconomique, est-il possible d’esquisser les répercussions sur les rapports de puissance existants ? La Chine et ses ambitions pâtiront-elles d’être à l’origine de l’apparition du virus et d’une présomption de dissimulation dans les premiers temps ? Ou bien, ce qui demeurera principalement à la face du monde serait l’impression d’un engourdissement de ces sociétés occidentales, autrefois dominantes ; leurs directions, là et ailleurs, subissant l’événement et décidant de mesures au seul gré des évolutions constatées. Certes, la critique est aisée et nul ne peut dire que ceux qui la pratiquent, tout en étant dans leur rôle, auraient obtenu de meilleurs résultats au vu des différentes données qui doivent être prises en compte.

► Au-delà de la crise sanitaire, la crise intellectuelle et morale des sociétés occidentales

A la veille de cette épidémie et ce qui perdure au-delà de celle-ci est la crise intellectuelle et morale profonde qui mine les sociétés occidentales et qui conduit à s’interroger sur leur avenir et sur leur pérennité comme civilisation, dans le sillon de leur héritage. Au fil des millénaires et des siècles qui les composent s’est érigée par apports successifs et dans la diversité de ceux-ci une civilisation, celle qui constitue le socle de ces nations qui s’étendent sur cette aire géographique qui constitue l’Occident. Les caractères de cette civilisation ont été, entre autres, remarquablement définis par Philippe Némo dans son essai publié en 2004 : Qu’est-ce que l’Occident ?

► Le double ébranlement subi par l’Occident

Dans son histoire, centrée sur l’Europe, jusqu’à ce que celle-ci doive céder la prééminence aux Etats-Unis après deux guerres mondiales dévastatrices, l’Occident avec toutes les vicissitudes rencontrées a accumulé un capital philosophique, artistique, scientifique, économique, militaire qui lui ont permis de transformer pour le meilleur le sort des hommes non seulement pour ses populations mais aussi pour celles de l’humanité tout entière avec, bien sûr, les différences et les aléas. Que serait aujourd’hui le sort de l’humanité sans la Révolution industrielle qui a bouleversé le rapport à l’existence ?

Aujourd’hui, l’Occident endure un double ébranlement : l’un, extérieur, fruit d’autres aires de civilisation, marqué d’une part, par l’ascension de puissances dont l’une, au moins la Chine s’affiche en concurrente pour la position la plus élevée et d’autre part, par la pression démographique qu’exercent des populations de plus en plus nombreuses, soucieuses, dans des proportions croissantes de conserver les modes de vie et les cultures qui leurs sont propres ; l’autre, interne, le plus redoutable, qui relève d’un processus de désagrégation sociale. Concernant ce dernier, le recueil de quelques éléments de réflexion est donc opportun pour saisir la profondeur du trouble et discerner quelles seraient les voies d’un possible rétablissement.

► Une pensée philosophique modèle-t-elle une époque ou la reflète-t-elle ?

En perpétuel mouvement, la pensée occidentale a modelé ou reflété (le choix de l’un des deux termes relève d’une interrogation essentielle) la mentalité du temps où elle s’est exprimée. La crise de la conscience européenne, selon le titre du célèbre essai de Paul Hazard, paru en 1935, a précédé ce que fut le siècle des Lumières. La philosophie que recouvre celui-ci n’aurait probablement eu guère d’effets si elle n’avait pas été en relation avec l’évolution sociologique d’une époque ou du moins cet effet aurait été fort limité. En même temps, la philosophie des Lumières a été déterminante pour forger des mentalités qui ont conduit à l’une des plus grandes ruptures historiques que représenta la Révolution française. A cet égard l’œuvre d’Augustin Cochin, publiée dans son intégralité par Denis Sureau sous le titre Augustin Cochin La Machine révolutionnaire (Editions Tallandier), est une lecture capitale pour la compréhension du phénomène.

► Les bouleversements de la société occidentale dans la seconde partie du XXième siècle

L’évolution des sociétés occidentales, depuis la seconde moitié du XXè siècle laisse apparaître des bouleversements majeurs dans les mentalités collectives et individuelles. Ceci dans un contexte où les trois décennies qui suivirent la fin de la Seconde guerre mondiale furent marquées par une croissance économique exceptionnelle, où le spectre d’une conflagration militaire globale s’était éloigné, en témoigne l’expression de « guerre froide », où la progression des sciences et des techniques offraient progressivement au plus grand nombre un niveau de confort jamais atteint. Ce fut la formation d’une immense classe moyenne. En parallèle, une génération nombreuse, née après la Seconde guerre mondiale, accédait dans des proportions sans commune mesure avec ceux qui les précédaient à l’enseignement supérieur. Il s’agissait de répondre aux besoins d’économies de plus en plus complexes donc exigeantes en termes de formation.

Dans un tel ensemble, le marxisme et la figure de la révolution sociale n’étaient plus à même de présenter un horizon pour tous ceux qui avaient émergé d’une existence faite le plus souvent de précarité. Ils entraient dans l’ère de la consommation de masse. Ce qui a pu être vu comme le résultat du compromis fordiste s’inscrivait, en fait, dans la dynamique de la Révolution industrielle intervenue au début du siècle précédent.

Les années soixante, restées mythiques, celles d’une jeunesse se libérant des contraintes qui avaient pesé sur l’existence de leurs anciens. Ce fut une vague musicale qui lui fut dédiée, permise dans son amplitude par la diffusion du transistor et du disque. Mais ce fut aussi le moment des mouvements étudiants, de Berkeley en octobre 1964 jusqu’au paroxysme du Mai 1968 français. Ils allaient être à la genèse de transformations profondes dans les mentalités occidentales. S’ils engendrèrent ces transformations, c’est parce que ces mouvements eurent un arrière-plan idéologique qu’incarna l’Ecole de Francfort. Constituée à l’origine par un groupe de philosophes, marxistes, fuyant l’Allemagne hitlérienne et réfugié aux Etats-Unis, l’Ecole, déjà distante dès son apparition d’une conception systématique du marxisme à l’image de son chef de file Theodor Adorno, s’ouvrit notamment avec Erich Fromm et Herbert Marcuse à la psychanalyse de Freud. Publié aux Etats-Unis en 1964 et paru dans sa traduction française en 1968, L’Homme unidimensionnel d’Herbert Marcuse essai critique du capitalisme occidental mais aussi du communisme soviétique parce que tous deux société industrielle avancée, source d’aliénation, fut l’une des références philosophiques majeures de l’effervescence française.

► La philosophie de la déconstruction et son origine

Ce qui fut déterminant dans l’échafaudage de la pensée qui sous-tend les atteintes récurrentes à l’édifice social, qu’il s’agisse de l’être collectif ou de ce qu’est dans sa nature l’individu, c’est la philosophie de la déconstruction dont Jacques Derrida fut le promoteur. Des exégètes parmi les meilleurs soulignent l’inspiration qu’aurait apportée à Derrida la philosophie d’Heidegger. Ce dernier, dans sa recherche, a révisé un ensemble de concepts (l’Etre, la vie, la société…), démarche qu’il définit par le terme abbau, traduit en français par différents vocables. L’auteur de La Voix et du Phénomène retient le terme de déconstruction. Sa philosophie débouche sur un basculement idéologique puisque cette déconstruction aboutit à une transformation radicale du rapport entre l’être humain, l’existence et la nature. L’autre philosophe dont l’influence a été capitale est, bien-sûr, Michel Foucault et sa réflexion sur la place des minorités, la société, selon sa thèse, étant traversée par des rapports de domination.

► La French Theory et l’influence exercée sur les universitaires américains

Derrida, Foucault, Deleuze, Guattari enseignèrent aux Etats-Unis dans les années soixante-dix et marquèrent profondément la vie intellectuelle américaine. Ce fut la French Theory, analysée notamment par François Cusset (French Theory aux Editions La Découverte). Les œuvres de Judith Butler ou d’Edward Said portent la marque de cette French Theory, courant philosophique européen, interprété à l’aune de la société américaine et de ses agitations. Ainsi, depuis un demi-siècle, une pensée a été façonnée au sein des universités américaines, socle intellectuel de ce qui est communément appelé la gauche américaine, celle-ci exerçant une influence croissante en Europe, notamment en France. Certes, d’autres auteurs propres à l’Amérique, ayant d’autres vues, ont marqué la philosophie politique américaine. Ce fut le cas de John Rawls et sa Théorie de la Justice parue aux Etats-Unis en 1971 (publié en France en 1971). D’inspiration social-démocrate, Rawls paraît bien oublié aujourd’hui. Il faut signaler aussi l’œuvre du canadien Charles Taylor sur le multiculturalisme, préoccupation nord-américaine (Canada-Etats-Unis) qui s’inscrit dans cette promotion des identités. Avec la part grandissante des populations d’origine immigrée, sur le Vieux continent, venues d’autres aires de civilisation, le concept de multiculturalisme, bien loin de l’universalisme français, s’est diffusé dans la partie occidentale de l’Europe. En témoigne ce propos d’Emmanuel Macron lors d’une réunion électorale à Lyon, le 4 février 2017 : Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse.

► Les revendications des minorités et les droits qui leurs sont accordés

Par revendications successives d’organisations minoritaires, activistes, s’affirmant représentatives, sans que rien ne l’atteste à l’origine, mais bénéficiant de l’appui ou de la complaisance d’un milieu intellectuel et médiatique, des droits et des statuts ont été reconnus à des groupes individus sous l’argument qu’ils relevaient d’une identité particulière, jusque là discriminée et bafouée. S’agissant des femmes, s’il est entendu que rien ne doit les distinguer des hommes quel que soit le domaine de l’existence, privé, professionnel, public, l’instauration de quotas ici ou là, les place intrinsèquement dans un état de minorités discriminées nonobstant le fait qu’elles soient démographiquement majoritaires. Au-delà des dispositions juridiques, un féminisme outrancier conduit à vouloir bouleverser les bases sur lesquelles la langue s’est construite au fil des temps. C’est l’écriture inclusive, destinée à remodeler les mentalités : la quête de l’homme nouveau dans les processus révolutionnaires. Il en est de même pour les minorités dites sexuelles avec l’instauration du mariage pour les couples homosexuels et tous les droits afférents. Beaucoup plus loin, au nom d’une théorie du genre, une distinction est établie entre la réalité sexuelle d’un individu telle qu’elle se présente à sa naissance et les inclinations dont il prendrait conscience au fur et à mesure de son existence.

► La déconstruction de la société

Pour atteindre leur but, l’homme nouveau dans la société nouvelle, les protagonistes de ce qui est une idéologie, celle de la déconstruction, s’en prennent à l’être individuel jusque dans sa partie la plus intime comme à l’être collectif que constitue une société avec sa culture, son histoire et sa sociologie. A cet égard, le racialisme, qui s’est développé d’abord aux Etats-Unis, lié à leurs antécédents esclavagistes et à la ségrégation raciale qui a duré jusque dans les années soixante, a atteint l’Europe en se fondant sur des discriminations supposées dont souffriraient des populations d’origine immigrée. Ce racialisme, importé, constitue un puissant facteur de décomposition sociale. En effet, il conduit, sous un angle particulier, les peuples occidentaux à rejeter leur histoire et à basculer dans l’humiliation permanente.

► La gauche américaine

Incontestablement, la gauche américaine et sa base universitaire inspirent et guident, d’une certaine manière, tout ce mouvement intolérant qui tend vers une forme de totalitarisme. Dans un article publié le 20 décembre 2020 dans la rubrique International du site du Figaro (« Cancel culture », « woke » : quand la gauche américaine devient folle), Laure Mandeville et Eugénie Bastié, évoquant le sort d’un universitaire américain, Bret Weinstein, montrent le harcèlement dont peuvent être victimes les enseignants qui refusent de se subordonner aux injonctions de groupes minoritaires : le crime de ce professeur est de s’être opposé à l’organisation d’un «Jour d’absence» dans son établissement, où les «Blancs» de l’université étaient invités à rester chez eux pour laisser les «personnes de couleur» seules sur le campus. Ce jour de ségrégation raciale imposé relevait selon lui d’une forme de racisme anti-blancs. Les deux journalistes citent le cas d’autres enseignants. Elles observent : Ce processus de désintégration sociale menée au nom du bien porte un nom : la « cancel culture » ou « culture de l’annulation », qui consiste à appeler explicitement au boycott et à l’effacement de l’espace public de personnes jugées racistes, homophobes ou sexistes. Le terme woke (éveillé) est notamment défini par Séverine Pierron dans un article du Figaro Madame du 6 janvier 2020 (Woke : nouveau militantisme ou marketing 2.0 ?) : le woke, c’est un peu la convergence des luttes. Une certaine société bascule dans cette cancel culture ou culture du bannissement. Pour compléter cette approche linguistique du phénomène, il est nécessaire de mentionner le vocable d’intersectionnalité, inventé par l’universitaire américaine afro-féministe Kimberlé Crenshaw en 1989 comme le rappelle Anne-Sophie Chazaud dans un article du 26 août 2019 (L’intersectionnalité, ou quand écolos, féministes et antiracistes se déchirent). Selon l’auteur, dans le contexte américain il s’agissait alors de souligner le fait, a priori indubitable, que la domination sociale, liée à la classe, se doublait fréquemment d’une domination liée au genre ou à la race.

► Le racialisme

Le racialisme, dernier avatar de la philosophie de la déconstruction, voulue ou non voulue par ses initiateurs aujourd’hui disparus, nul ne le saura jamais, a été projeté au-devant de l’actualité avec le mouvement Black lives matter qui a touché les Etats-Unis à l’été 2020 avec les désordres et les émeutes qui l’ont caractérisé. Il n’a pas manqué d’avoir un écho en France porté notamment par les Indigénistes. Comme aux Etats-Unis, le racialisme et autre indigénisme, se propagent dans le milieu universitaire avec la même intolérance. Wally Bordas dans un article publié le 10 janvier 2021 (À Sciences Po Paris, l’idéologie racialiste fait peu à peu son nid), écrit : Le prestigieux établissement connaît une montée croissante des pensées racialiste, décolonialiste et indigéniste. Conférences, travaux de recherche, revendications de modules de cours… De petits groupes, inspirés par des thèses américaines, constituent une minorité agissante qui inquiète de nombreux étudiants et des parlementaires. S’agissant des lectures recommandées aux étudiants pour l’été, l’auteur relevait sur le site de l’école : Parmi les dix livres recommandés dans la catégorie «antiracisme non-fiction», des ouvrages comme Comment devenir antiraciste, d’Ibrahim X. Kendi, Fragilité blanche, de Robin Di Angelo, Why I’m no Longer Talking to White People About Race («Pourquoi je ne parle plus de la race aux gens de couleur blanche»), de Reni Eddo-Lodge, ou encore Me and White Supremacy («Moi et la supériorité blanche»), de Layla F. Saad. Une liste très éloquente qui suscite immédiatement la polémique.

Au regard d’un phénomène qui doit être considéré avec la plus grande inquiétude car il participe à un processus de décomposition sociale voire d’affrontement, Pierre-André Taguieff sur Figarovox, le 10 novembre 2020, (« Le décolonialisme est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine ») remarque, en premier lieu : L’attractivité du décolonialisme à gauche et à l’extrême gauche s’explique largement par un appel du vide, dont les causes sont identifiables : la décomposition de la gauche et l’essoufflement du modèle social- démocrate, l’incrédulité croissante envers le marxisme et l’utopie communiste dont on hérite cependant, l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme, la banalisation d’un néo-féminisme misandre, dit «radical», dans les milieux intellectuels ainsi que le surgissement d’un antiracisme dévoyé, masquant à peine un racisme anti-Blancs doublé d’une judéophobie à visage «antisioniste». Il précise : Cette nouvelle « gauche de la gauche » est rageusement anti-occidentale, elle est à la fois hespérophobe et gallophobe, en ce qu’elle réduit la France à un pays raciste et islamophobe. C’est cette gauche en folie, dont les nourritures psychiques proviennent des campus états-uniens pratiquant le culte de la « radicalité », qui, voulant tout déconstruire et tout décoloniser, s’est engagée dans la voie dangereuse qu’est la « politique de l’identité »… Mais il ne faut pas oublier que ce sont des intellectuels occidentaux «blancs» qui, les premiers, ont lancé cette grande accusation sur le marché des idées. La haine de soi et l’auto-accusation pénitentielle font partie de la pathologie des milieux intellectuels occidentaux. Ne voir dans l’universalisme que ses instrumentalisations politiques et ses corruptions idéologiques, c’est faire preuve soit d’ignorance, soit de mauvaise foi.

Cette orientation n’est pas sans préoccuper une gauche encore inspirée par une tradition marxiste. Ainsi, dans la livraison du Monde diplomatique de janvier 2021, Stéphane Beaud et Gérard Noiriel (Un militantisme qui divise les classes populaires – Impasse des politiques identitaires) argumentent : le langage racialisant qui présente la couleur de peau comme la variable déterminant l’ensemble des pratiques économiques, sociales et culturelles de nos concitoyens écrase la complexité et la finesse des relations sociales et des rapports de pouvoir. Toutes les enquêtes sociologiques, statistiques ou ethnographiques montrent pourtant que les variables sociales et ethniques agissent toujours de concert et avec des intensités différentes. Si tout l’art des sciences sociales consiste à démêler finement, selon les contextes (géographique, historique, interactionnel), le jeu des variables agissantes, il reste qu’on ne peut rien comprendre au monde dans lequel nous vivons si l’on oublie que la classe sociale d’appartenance (mesurée par le volume de capital économique et de capital culturel) reste, quoi qu’on en dise, le facteur déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes. L’identité raciale ne saurait donc estomper une conscience de classe. Ce rappel apparaît en cohérence avec le constat de Serge Halimi formulé dans la livraison de décembre 2020 du Monde diplomatique sur les résultats de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre dernier. Observant la progression des votes en faveur de Donald Trump de l’électorat afro-américain et hispanique par rapport à l’élection de 2016, il constatait que l’orientation du vote ne se fonde pas sur la seule identité d’appartenance.

Initiée par la philosophie française puis assimilée par des universitaires américains qui l’ont interprété à l’aune du contexte local, la déconstruction dont l’idéologie a gagné l’ensemble des sociétés occidentales pourrait être l’abîme dans laquelle sombrerait progressivement une civilisation multimillénaire qui a tant apporté à l’humanité. A un défi philosophique, idéologique, faire face suppose, avant toute rodomontade ou gesticulation politique, de définir une vision de ce que doit être notre société et la place qui tient l’individu dans une aire de civilisation qui est celle de la personne mais aussi du bien commun.

 

 

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