BULLETIN DE REINFORMATION DU 7 FÉVRIER 2018

Patron d'émission le 7 février 2019

Bulletin de réinformation proposé par Erika Gauthier et Brieuc Chevalier

Rediffusions à l’antenne à 11h45 et 21h00

 

 

GRANDS TITRES


 

► La disparition programmée du traité FNI

Le 2 février dernier, les États-Unis et la Russie annonçaient la suspension de leurs obligations mutuelles dans le cadre du traité sur les Forces Nucléaires de portée Intermédiaire (FNI), héritage de la Guerre Froide. Signé en 1987, bilatéral, il interdisait en effet à ses signataires de tester, produire et déployer des missiles sol-sol de portée comprise entre 500 et 5500 km. Au delà de la rivalité qui oppose la Russie aux États-Unis, il faut y voir un élément supplémentaire dans le pivot américain vis-à-vis de la Chine, dont les grands perdants pourraient être les Européens.

La Russie, bouc émissaire du pivot Asie-Pacifique américain ?

On peut reprocher à Moscou son manque de transparence dans le différent qui l’oppose aux Etats-Unis à propos du traité FNI. Depuis 2014, ces derniers accusent la Russie de violer ses engagements en développant un missile de portée supérieure à 500 km. Ce que Moscou dément sans en apporter la preuve. C’est que depuis le retrait américain en 2002 du traité ABM visant à limiter la défense antimissile, les Américains ont mit en place en Europe et en Asie un bouclier antimissile complet (système THAAD), capable d’intercepter d’éventuelles frappes ennemies. Ce système qui réduit la force de la dissuasion nucléaire remet en question tout l’équilibre sécuritaire international, et ne pouvait qu’inciter Moscou et Pékin à lui trouver une parade. En octobre 2018 lorsqu’il a annoncé la volonté américaine de se retirer du traité FNI, le président Trump n’a pas manqué de mentionner la Chine, qui pourtant n’est pas partie à ce traité bilatéral. Pour Corentin Brustlein, chercheur à l’IFRI, « Tout porte à croire qu’il s’agit moins pour les États-Unis d’user de la menace de retrait pour sauver le traité que de se libérer d’une contrainte qui les handicape militairement face à la Chine ».

Quel avenir pour l’Europe ?

Avec la disparition de ce traité, l’architecture de maîtrise des capacités nucléaires, héritée de la Guerre Froide est réduite à peau de chagrin. Il n’en reste que le traité New Start, sur les armements stratégiques longue portée, censé expirer en 2021. Alors que les pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et que ce traité permettrait de « conserver un minimum de transparence réciproque », les Etats-Unis s’interrogent sur la pertinence d’un renouvellement de ce traité pour cinq ans. La disparition à venir de ce traité engage un futur incertain pour l’Europe. La Russie est désormais libre de renforcer ses capacités balistiques, ce qu’elle n’a pas manqué de faire savoir le 5 février. Si la France est en mesure d’assurer sa propre dissuasion, ce n’est pas le cas de ses voisins. Quelle nouvelle architecture ? Quels moyens sur le continent ? Autant de questions relatives à la nouvelle posture à adopter qui ne manqueront pas de diviser les pays européens.

 

BRÈVES DE FRANCE


 

► Éphéméride du jour

Le 7 février 1992, les douze ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont signé un « traité d’union économique, monétaire et politique » à Maastricht, aux Pays-Bas. Cette conséquence indirecte de la chute du Mur de Berlin et de l’effondrement de l’URSS va devenir le deuxième acte fondamental de la construction européenne après le traité de Rome. Les 252 articles de ce traités abordent quatre points fondamentaux : la naissance d’une citoyenneté européenne, l’élargissement des politiques communes, la coopération en matière de justice et d’affaires intérieures ainsi que l’union monétaire. La mise en place de ce traité sera tout de même douloureux puisqu’il a été adopté de justesse à 51% de voix en faveurs par le peuple français. Les années qui ont suivi se sont soldées par une croissance asthénique consécutive à la rigueur fiscale exigée par la mise en œuvre de l’union monétaire.

 

► La commémoration du génocide arménien par M. Macron

Génocide arménien : regarder l’histoire en face.

C’est par ces mots que le président Emmanuel Macron a fait du 24 avril la journée nationale de commémoration du génocide arménien. Mardi dernier, devant le Conseil de coordination des églises arméniennes de France, le président français a rappelé que la France avait été parmi les premiers pays d’Europe à qualifier ce massacre de « génocide ». Rappelons qu’en 1915, en pleine guerre mondiale, les autorités turques alliées aux forces de l’Axe avaient pris prétexte des opérations militaires russes pour massacrer et déporter la population arménienne de Turquie. Les Arméniens, chrétiens, ont été accusés d’espionnage et d’intelligence avec l’ennemi orthodoxe, qui menaçait alors la frontière nord du pays. C’est ainsi qu’aujourd’hui, on retrouve dans les pays du sud de la Turquie, comme la Syrie, l’Irak ou le Liban, une forte diaspora arménienne. C’est le cas notamment de la ville d’Alep où le quartier arménien de Midan abritait, avant 2011, jusqu’à 60.000 descendants des rescapés du génocide. Face à cette déclaration française, la Turquie a dénoncé un mensonge politique méprisant les faits historiques. La version turque ne mentionne en effet qu’une « guerre civile », récusant fermement la qualification de génocide.

 

► Le chiffre du jour est 3,2 %

3,2%, c’est le déficit du PIB français prévu par la Cour des comptes qui a revu hier ses prévisions, tenant compte des événements récents des Gilets jaunes. En plein débat national sur les dépenses et la fiscalité, la Cour des comptes appelle à redoubler d’efforts pour maintenir les finances publiques. Cette prévision fait repasser la France pour la première fois depuis 2016 au dessus des 3% exigés par Bruxelles. Un message de la Cour des comptes qui pointe du doigt le Gouvernement français qui a pourtant promis de réduire la dépense publique de trois points de PIB d’ici à 2022 mais qui pour le moment est resté très discret quand aux mesures qu’il souhaitait mettre en place.

 

► Votez pour votre Bobard d’or !

Organisé chaque année par la fondation Polémia, la cérémonie parodique des Bobards d’or recense plusieurs catégories. Parmi les « bobards jaunes » de la catégorie Gilets jaunes, se retrouve le bobard « travaux public » selon lequel les Gilets jaunes dépavent les Champs-Élysées. Un journaliste de BFMTV en direct des Champs a décrit le 25 novembre une zone dépavée sur une centaine de mètres. Pavés que les manifestants auraient jeté sur les forces de l’ordre et les vitrines des magasins. Finalement, ce n’est que quelques dizaines de minutes plus tard, que Twitter va révéler que cette zone dépavée est en réalité une zone de travaux pour l’installation d’une piste cyclable sur les Champs-Élysées.

Vous pouvez tous voter pour vos bobards favoris et sélectionner les finalistes sur le site des Bobards d’Or. Où l’on peut réserver ses billets. La cérémonie aura lieu le lundi 18 février, à 19h30, au théâtre du Gymnase : 38 boulevard Bonne-Nouvelle, Paris X.

 

NOUVELLES DU MONDE


 

► Le gazoduc Nordstream 2, un enjeu de dépendance énergétique pour l’Allemagne

De quel côté vont basculer nos voisins allemands ? C’est la question que l’on peut se poser au vu des récents rebondissements sur le dossier Nordstream 2. Ce gazoduc, qui doit relier la Russie à l’Allemagne en passant par la mer Baltique, est au cœur d’une intense lutte politico-diplomatique depuis l’annonce de son lancement. A ce jour, 400 kilomètres de tubes ont été posés, soit un sixième du projet piloté par Gazprom. Seulement voilà, les Etats-Unis ne voient pas d’un bon œil ce chantier qui renforcerait, selon eux, la dépendance énergétique de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie. Le président Trump offre donc généreusement une solution à Berlin, à savoir acheter du gaz liquide américain acheminé par bateau. Face aux menaces à peine voilées de l’oncle Sam, la chancelière Angela Merkel tente de trouver un compromis qui satisferait les deux parties. Elle a toutefois peu de chance d’y arriver : le gazoduc cristallise à lui seul la guerre d’influence que se livrent la Russie et l’Amérique sur le territoire européen. Ainsi, à l’instar du Venezuela, la mer Baltique symbolise ce qu’on pourrait appeler la nouvelle guerre froide.

 

► Trois jours de tolérance aux Émirats arabes unis pour la visite du pape François

Hier, mardi 5 février, le pape François a conclu sa visite aux Émirats arabes unis par une messe en plein air, célébrée dans le stade d’Abou Dhabi. Plus de 180.000 personnes ont assisté à la messe, rendant cet événement comme le plus vaste des rassemblements humains jamais recensé dans l’histoire du pays. Rappelons que le pays de la péninsule arabique compte un million de catholiques, ce qui représente plus d’un dixième de sa population. Malgré cela, les célébrations publiques y sont interdites. C’est dire si la messe célébrée par le pape a revêtu un caractère exceptionnel ! Le souverain pontife a également publié, conjointement avec le grand imam de la mosquée égyptienne d’Al-Azhar, un texte appelant à la liberté de croyance et d’expression, à la protection des lieux de culte et à la citoyenneté pleine et entière pour les minorités discriminées. C’était d’ailleurs la première fois qu’un chef d’église catholique se rendait sur la péninsule arabique.

 

► Le quotidien historique « Nation Hongroise » de la droite renaît et apparaît de nouveau en kiosque.

Le quotidien iconique Magyar Nemzet fondé en août 1938 pour combattre l’influence allemande et les dérives de l’influence du gouvernement sur les médias privés fut fermé aux lendemains des législatives du printemps 2018. Ce journal a connu un basculement majeur dans l’opposition le 6 février 2015 suite à la prise de position de son propriétaire de l’époque, Lajos Simicska (un sympathisant de Viktor Orban) qui déclarait une « guerre totale » au gouvernement après une taxe envisagée de 5% sur les médias privés. C’est ainsi à une date symbolique que le journal apparaît de nouveau en kiosque, réaffirmant « son attachement aux valeurs conservatrices, aux traditions centre-européennes et aux intérêts nationaux ». Décriée par tous les titres d’oppositions, Magyar Nemzet est assimilé à une « prise de guerre » avec laquelle Viktor Orban s’affiche d’ailleurs sur Facebook.

 

 

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