Messe pour les défunts de Radio Courtoisie : le sermon de l’abbé Éric Iborra

Patron d'émission le 8 octobre 2012

Messe pour les défunts de Radio Courtoisie, 6 octobre 2012, église Saint Eugène – Sermon de l’abbé Éric Iborra, vicaire de la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile (Paris 9ème)

Messe pour les défunts de Radio Courtoisie : le sermon de l'abbé Éric IborraÀ la demande du président de Radio Courtoisie, M. de Lesquen, nous allons désormais associer à la mémoire de Jean Ferré, dont nous commémorerons le 6ème anniversaire du décès mercredi prochain, le souvenir de ses collaborateurs et amis qui avec lui ont animé cette radio dont il était le fondateur et qui maintenant l’ont rejoint au-delà des rivages de ce monde. Nous pensons bien sûr à Serge de Beketch, dont c’est aujourd’hui même le 5ème anniversaire de la mort, et pour qui le cher P. Argouarc’h célébrera une messe ici-même en décembre, mais aussi à Christian Langlois, mort en 2007, qui fut président de la radio, à Didier Roy, son trésorier, qui a été emporté brusquement en 2011. J’y ajouterais volontiers un patron d’émission réputé qui était un de mes proches paroissiens, le Pr Hervé Coutau-Bégarie, qui s’est éteint au printemps dernier des suites d’une longue et cruelle maladie.

Vous le savez, l’aventure de Radio Courtoisie, qui a commencé maintenant il y a un quart de siècle, combine avec bonheur politique et culture pour le réarmement intellectuel et moral d’une frange non négligeable de Français insatisfaits des approximations, voire des mensonges, de la bien-pensance apatride et liberticide. Radio libre du pays réel et de la francophonie, elle occupe ainsi une place salutaire dans un univers dominé par tous ceux qui ont intérêt à museler toute une partie de l’opinion afin d’imposer comme normales, si j’ose dire, des options politiques ou sociétales qui, elles, ne le sont pas. Jean Ferré a pris le risque d’ouvrir sa radio aux différentes formes de ce qu’il est convenu d’appeler la droite pour lutter contre cette asphyxie de la pensée. Il avait compris qu’il était illusoire de vouloir fondre ses différentes composantes en un seul mouvement, manifestant par là que droite et liberté ou pluralisme ne sont pas des termes antagonistes, comme certains voudraient bien le faire croire.

En créant Radio Courtoisie, Jean Ferré et ses amis permettaient à bien des auditeurs, qui avaient le sentiment d’être perdus dans un environnement hostile, de fourbir leurs armes contre la dictature de la pensée unique, de cette bien-pensance visqueuse et mortelle qui paralyse son adversaire avant de l’étouffer. Travail de désintoxication assurément difficile, bien que l’adversaire, dépouillé de ses oripeaux, apparaisse grotesque. Car le bien-pensant, pour commencer, ne pense pas : il n’est que la caisse de résonance d’un prêt-à-penser élaboré par une camarilla d’intellectuels dégénérés. Difficile de le convaincre par des arguments rationnels ou factuels : il y préférera toujours les fantasmes et les chimères de ses idéaux libertaires et hédonistes. Mais ne croyez pas pour autant que le bien-pensant soit accueillant à vos idées : le bien-pensant est avant tout un sectaire ; son degré d’ouverture d’esprit est aussi limité que sa capacité de raisonnement. Épris de liberté (pour lui), il sera intransigeant avec la vôtre, vous réservant toute la gamme des noms d’oiseaux qu’il glapit dans ces cas-là si vous avez le front de lui tenir tête. L’actualité législative nous en apporte chaque jour quelques lamentables exemples. C’est que le bien-pensant est convaincu, lui le relativiste, d’être dans la vérité. Car, pour lui, la vérité, c’est le progrès, la grande fusion universelle à l’horizon de l’histoire. Sa haine du passé lui fait détester l’histoire de son pays. Le bien-pensant n’a donc pas d’attachement pour la terre irriguée de la sueur et du sang de ses ancêtres. C’est un être sans racines, dont le destin est celui des feuilles mortes : être balayé par le vent de l’histoire.

Face à ce gigantesque pantin brandissant la redoutable massue médiatique, la petite voix de la Radio libre du pays réel et de la francophonie semble bien inaudible. Nous pourrions en prendre acte et désespérer, ne livrant combat que pour l’honneur, dans un raidissement stoïcien qui inspire le respect et ne fait que retarder l’heure de l’inévitable défaite. Serait-ce donc en vain que ceux pour qui nous prions ce matin auraient sacrifié tant de choses pour mener ce combat tragique ? Peut-être pas. Il y a quelques jours nous célébrions S. Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne secondaire de la France, grande admiratrice de celle qui n’était pas encore S. Jeanne d’Arc, elle aussi patronne secondaire de la France. Et demain, nous célébrerons Notre-Dame du Rosaire. Quel rapport, me direz-vous, entre ces fêtes ? Quel rapport aussi avec le combat que mène depuis vingt-cinq ans Radio Courtoisie ? Il me semble que ce qui relie tout cela, c’est la vertu d’espérance.

S. Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la S. Face, cette face défigurée par les péchés des hommes, car il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. S. Thérèse de Lisieux, la plus grande sainte des temps modernes, aux dires de S. Pie X. Et pourtant rien d’apparemment extraordinaire : une vie simple, discrète, faite d’ascèse, de renoncements, rythmée par les offices, l’oraison, le long silence du Carmel. Mais une vie littéralement irradiée par l’Amour Divin et par le don de soi. Une vie d’abnégation et de courage dans l’épreuve. Une vie mue par la foi simple d’un enfant qui crie tout simplement sa misère et appelle au secours le Dieu qui sauve. Animée par une soif inextinguible d’absolu, Thérèse ressemble étrangement à beaucoup d’entre nous. Elle s’aperçoit qu’elle veut tout et ne peut rien. Découverte qui dans l’humilité va faire sa force : une faiblesse extrême acceptée et offerte au bon Dieu, écho aux paroles de l’apôtre : Je ne mettrai mon orgueil que dans mes faiblesses. Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. De la force même de Dieu, du Ressuscité qui s’est laissé volontairement crucifier dans l’impuissance. La confiance est la clef de voûte de toute la doctrine thérésienne. C’est elle qui conduit à l’espérance : réalisme surnaturel, appuyé sur la foi, qui surélève le regard de notre intelligence et relativise ces enchaînements nécessaires qui si souvent nous affligent et nous paralysent.

S. Thérèse a pu trouver la démonstration historique de sa petite voie dans l’aventure de sa sœur dans l’espérance, S. Jeanne d’Arc. N’a-t-elle pas été suscitée, comme une nouvelle Judith ou une nouvelle Esther, pour sauver son peuple alors que tout, à première vue, paraissait perdu ? N’a-t- elle pas, comme S. Thérèse, usé du levier de la foi pour faire basculer les événements et rétablir l’ordre naturel voulu de Dieu ? N’est-ce pas aussi ce que rappelle la solennité du Rosaire ? Alors que la marée ottomane montait à l’assaut de l’Europe chrétienne, un coup d’arrêt décisif et inattendu lui fut porté une première fois à Lépante en 1571 et une seconde fois à Vienne en 1683. A chaque fois, le pape de l’époque y associa la figure de la B. Vierge Marie Marie qui, face à sa mission, à vue humaine impossible, répondit impavide : Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. Et le Verbe prit chair, et la face du monde en fut changée.

Par la foi intrépide d’âmes d’élite, Dieu sait mettre un grain de sable décisif dans la machine du prétendu prince de ce monde. Que nous demande-t-il ? L’espérance ! C’est-à-dire croire que sa Providence peut tout faire concourir au bien de ceux qu’il aimeetiam peccata, malgré les apparences contraires, dussent crouler les institutions infidèles, fussent-elles des nations apostates. Les victoires de S. Jeanne d’Arc et de la S. Ligue montrent que rien n’est sûr dans le devenir de ce monde, que les tendances lourdes qui ont pour elles le nombre peuvent être défaites par la liberté déterminée d’un petit nombre. Pensons à Soljénytsine face au monstre soviétique.

Ceux dont nous évoquons la mémoire ce matin et pour qui nous offrons le S. Sacrifice de la Messe le savaient. C’est pourquoi ils ont lutté, avec détermination, avec au cœur cette certitude : rien ne pourra faire obstacle au triomphe final du Roi de l’univers, quoique ici-bas il faille passer, individuellement et collectivement, par bien des tribulations. Que la confiance qui les animait nourrisse notre espérance dans les combats incertains que nous avons aujourd’hui à mener ! Que leur exemple suscite des vocations, comme celle des jeunes réinformateurs du matin ! Que leur persévérance leur vaille d’être accueillis par le Maître : Viens, bon et fidèle serviteur…


EMISSION EN COURS

► L.J. des chevau-légers

21:30 23:00


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► L.J. des chevau-légers

21:30 23:00


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