Anne Brassié recevait Jean-Baptiste Amadieu, chercheur au CNRS, pour une émission consacrée à Verlaine.

Maxence Caron, Jean-Baptiste Amadieu, Paul Verlaine, Confessions, précédé de : Les poètes maudits, éd. Via Romana (janvier 2012). Site de l’éditeur : www.via-romana.fr Chez Verlaine, le « prince des poètes » fait parfois oublier le génie du prosateur qui, de confessions en essais critiques, demeura finalement l’un des écrivains les plus écoutés de son temps, gagnant l’unanimité sans la rechercher. L’écriture autobiographique et l’écriture critique se mêlent chez lui dans un style d’une finesse inimitable où toute distinction s’avère artificielle entre l’objectivité et la subjectivité. C’est dans la fantaisie que l’ami qui enseignait jadis à Rimbaud combien la musique était prise dans le verbe et combien la poésie s’animait de la libérer afin de faire mieux luire le Sens, c’est dans le détachement burlesque que Verlaine, désormais mûrissant, et se renouvelant silencieusement sans cesse, devient, avec l’infaillible acuité qui rappelle celle du grand aîné Baudelaire, un prophète aujourd’hui méconnu. Avant que toutes les audiences ne se soient constituées, il reconnaît la grandeur à même l’exigeante discrétion de certains de ces artistes mangeurs de pain noir qu’il appelle les « poètes maudits » et dont tous les noms survivront au temps. Cet homme dont la richesse intérieure sait unir la dérision, le baroque, la rigueur, la musique, la pensée, le classicisme, a fait de sa page une constante avant-garde qui n’est autre que celle de l’authenticité au travail. Verlaine, pas moins que Rimbaud mais « parallèlement », en un pèlerinage autre, en un chemin auquel est consubstantiel le recueillement, entend toujours mieux en soi la voix de l’Essentiel dont il constate la sublime autant que miséricordieuse Différence.